Le soleil éclairait les parois dorées, un seul reflet suffisait à illuminer l'immense salle, l'or sculptait chaque parcelle de la pièce dans les moindres détails, tout était brillant et lumineux...Au milieu, un immense fauteuil dominait tous les autres, fondu dans le diamant, il étincelait plus que tout le reste, aveuglant les yeux de ses admirateurs...Sa main se tendit en avant, il était à portée, oui, ce trône en diamant serait à elle, alors, elle s'avança rapidement dans cette pièce, ses petits pieds foulant le sol d'or, cette vision angélique, elle ne la perdait pas de vue, et plus elle le désirait, plus elle courrait...Les murs semblaient s'éloigner, elle avait beau se démener le trône restait inatteignable, sa course devint impossible, son souffle s'accélérait, maudite salle! Maudits murs !
A présent, les murs semblaient à des kilomètres, elle ne voyait plus rien devant hormis cette couleur dorée qu'elle chérissait tant avant. Les diamants ! Les diamants étaient à elle, à elle seule...Dans une ultime tentative, elle tendit à nouveau sa main et chercha à attraper n'importe quoi devant elle...

- Aïe !

Les yeux ouverts, Birdy Brant mit quelques micro-secondes à comprendre ce qu'il se passait. Pourquoi diable tenait-elle fermement l'oreille de son maitre ? Ce dernier semblait tout aussi surpris, mais avant que la surprise ne se transforme en colère, le sale piaf relâcha la dite oreille et fit un petit sourire gêné à son génie préféré.

- Hum...Vous aviez une mouche sur l'o...ha...ha...hum...Ne me frappez pas, oh mon maitre vénéré !

La belle rousse, très peu vêtue ou très dévêtue, cela dépend sur quel plan on se positionne, commença à jouer la pauvre petite bête sans défense, usant de ses charmes et surtout de ses jambes qu'elle vint coller contre Jordan dans une position suggestive. Couchés tous deux dans un immense lit couvert de duvets en plume, d'une quantité astronomique de coussins orientaux et de draps colorés, ils avaient encore passé la nuit ensemble et si le réveil avait été plutôt brutal, aider le mauvais génie à se remémorer la nuit passée amoindrirait peut-être un peu sa mauvaise humeur.

- Désolée, j'ai encore rêvé de ce trône en diamant...Promis je ne le referai plus...Dit-elle alors en se mordant les lèvres d'un air tristounet. C'est qu'à chaque fois il m'échappe, l’enflure ! Si au moins, on avait un plan pour avoir un peu d'argent, j'aurai pas besoin de le rêver...Fit-elle alors plus déterminée, laissant encore ses pensées fuser sans prendre le temps de les transformer avant de les dire. C'était son plus grand défaut à Piou, même si elle était la pire des hypocrites, il lui arrivait souvent de dire tout haut ce qu'elle était sensée penser tout bas, crâne de piaf !

Sentant le regard noir de Jordan, le stupide perroquet tenta de se rattraper pour le mieux, se contemplant dans le mielleux et l'exagération.

- Je voulais seulement dire que...quand tu seras roi d'un royaume, ce qui ne saurait tarder, vu tes innombrables pouvoirs....qu'on attend toujours, chuchota-t'elle pour elle-même, alors on pourra avoir ce qu'on désire...ah...ah...oui, mais tu as raison, je dois être patiente...

*Fermes la idiote, il va te trucider *

Sur ce, elle sourit de plus belle de son sourire forcé et papillonna des yeux attendant la réponse de son maitre, non sans essayer de lui faire quelques bouclettes dans les cheveux, histoire de l'amadouer un peu...brave petit !

Le sommeil...dormir est une activité humaine assez agréable il faut bien le dire. Une de celles que j'ai le plus apprécié dès lors que je suis entré dans ce corps qui demande à ce que ses batteries soient rechargées quotidiennement. J'aime, ou plutôt j'adore ça. Que ce soit seul ou accompagné du reste, même si la perspective de m'éveiller avec mon canari déplumé dans les bras ajoute encore au plaisir de la chose il faut bien l'avouer. Mais si sombrer dans cette semi-inconscience me plaît tellement, c'est surtout parce qu'elle me permet de m'imaginer être ce que je ne suis pas encore, tout en me permettant d'oublier pour un temps ce que je suis réellement. Les rêves! Vraiment la nature à parfois bien fait les choses.

Moi qui n'avait jamais dormi pendant des millénaires, (bien normal après tout, étant jusque là immatériel je n'avais nul besoin d'énergie); me retrouver à fantasmer durant mes heures de repos obligatoires fut pour le moins déconcertant au premier abord. Mais on s'habitue très vite à se voir Calife à la place du Calife...même si cela ne se produit que la nuit...pour l'instant! Car n'imaginez pas comme le disent les contes que quand le génie repose dans sa lampe il dort! Non, quand nous ne servons à rien, quand nous ne sommes pas invoqués, nous n'avons conscience de rien...comme si nous flottions dans le néant!

C'est donc avec une mauvaise humeur non feinte que j'accueille le réveil brutal concocté à mon égard par les bons soins de Birdy. Quand vous êtes en train de vous voir dominer le monde, vous n'aimez pas être tirer d'un tel rêve en vous faisant arracher l'oreille par votre servante...fut elle nue et dans une position suggestive.

Non mais oh, c'est pas un peu fini? Tu te crois où à me réveiller de la sorte!

Ma voix tonne et gronde contre elle alors qu'elle se recroqueville sur elle même tout en se serrant un peu plus contre moi...vile créature qui feint de me craindre tout en essayant de m'aguicher en même temps. Enfin quand je dis essayer, elle y parvient parfaitement à tous les coups. Quelle infortune (ou pas) que les faiblesses mortelles pour la chair puissent elles aussi avoir autant d'emprise sur moi.

Te frapper? Allons bon! Rappel moi la dernière fois où je t'ai frappée? Ah oui c'est vrai, JAMAIS!

Et c'est la stricte vérité, il existe bien des façons plus cruelles pour la punir que de me montrer violent avec elle, et puis je ne voudrais pas l'abîmer. Non, si vous voulez châtier Piou, la solution la plus efficace reste encore de la priver du peu de confort dont elle dispose auprès de moi.

Tu ferais mieux de t'inquiéter de l'endroit où tu pourrais passer ta prochaine nuit! Sur ce vieux tapis à même le sol par exemple.

Ignorant volontairement ses remarques sur notre manque de moyen financiers, je prête bien plus attention à ses différentes manœuvres pour se coller contre moi. Comme si par ses caresses elle tentait de me faire oublier son effronterie coutumière et quasi quotidienne. Une petite minute, en fait ce n'est pas comme si...c'est plutôt de cette façon qu'elle procède à chaque fois. Et je me laisse faire de bonne grâce. Ses paroles il sera toujours tant de les lui faire ravaler plus tard, quand j'aurais obtenu ce qu'elle se propose elle même de me donner.

Je lui lance néanmoins un regard noir, de ceux qui glace le sang de tous ceux qui osent se dresser sur ma route. Mais le volatile, s'il redoute mes colères, me connait depuis suffisamment longtemps pour s'être enhardi quelque peu. Quelques explications maladroites, un ton faussement désolé...et je fais cesser ses babillages agaçant en m'emparant de ses lèvres avant qu'elle n'aille trop loin. Je la relâche enfin et lui fait face; la réprimandant telle une enfant.

Tu devrais savoir t'arrêter sans que je te le dise...un jour tu pourrais aller trop loin!

Menace que je laisse planer silencieusement au dessus de sa tête, identifiant la peur dans ses prunelles couleurs miel. Timidement, elle s'essaie malgré tout à m'amadouer en jouant avec mes cheveux. Son sourire de conquérante masquant mal son appréhension de ne pas savoir à quelle sauce je pourrais la manger. C'est un peu de cette façon que je maintiens mon influence sur elle, mon imprévisibilité. Pourtant, elle aussi arrive encore à me surprendre et à m'attendrir parfois, dans une certaine mesure. Petit oiseau piailleur et railleur.

Alors que je fais mine de me lever de ce lit devenu trop confortable une fois éveillé (ce n'est pas dans les plumes et les oreillers que se fomentent les plus astucieux des plans de conquête du monde), mademoiselle se permet de resserrer ses jambes, cherchant à m'emprisonner. Amusé tout à coup plus qu'agacé, je la laisse faire tout en lui lançant un regard interrogateur.

Que veux-tu?

La foudre venait de s'abattre sur le champ du voisin, Jordan faisait preuve d'un calme olympien pour une fois, après un réveil pareil, Birdy s'attendait à des cris, des menaces et des exécutions en chaine mais hormis le coup du «Tu dormiras sur le tapis sale pie! » tout à fait classique si ce n'est habituel, il semblait plutôt de bonne humeur. Il fallait avouer que la belle rousse à langue de vipère savait y faire, des années d'expériences auprès de la gente masculine avaient fait d'elle une manipulatrice dans l'âme notamment en ce qui concernait l'art d'éveiller le désir humain. Comme quoi même un volatile pouvait mener un homme par le bout du nez, ce désir là étant commun à toutes les espèces vivantes, si on oubliait les plantes et autres légumes, haha....

Faisant fie des commentaires de son génie diabolique, la poulette emprisonna les jambes de ce dernier, ne souhaitant pas qu'il s'éloigne si vite d'elle. Ce n'était pas de la possession, puisqu'elle ne pouvait exercer ce pouvoir sur lui, quoiqu'à bien y réfléchir, la passion qui les animait parfois était peut-être une forme de possession qu'ils se partageaient et se disputaient à l'infini...Impossible à définir. Birdy n'a jamais été femme a faire des sentiments, ce masque de séduction qui lui allait si bien avait fini par la dévorer et la recouvrir entièrement sans jamais que son coeur ne tente de le briser voir juste de le fissurer. L'amour propre était également une chose bien invisible et incompréhensible pour un perroquet qui avait toujours vécu toute sa vie aux crochets des autres, alors l'amour avec un grand A, n'avait aucune place dans cette relation étrange, mais tout à fait excitante, qui existait entre Jordan et elle.

Le regard interrogateur de son maitre et sa phrase impitoyable, « que veux-tu? » la fit sourire. Vouloir...que voulait-elle? De l'argent, de l'or, des vêtements excessivement chers, un palais, des sujets, le pouvoir, le pouvoir qui rend fou et immensément riche, de la richesse, nager dans une piscine de pièces...non de diamants !

« Une rivière de diamants ! C'est ce que je veux, en toutes circonstances oh, vénérable maitre ! Mais, si la question est ce que je désire maintenant, un baiser de ta part me suffira... » Lui répondit-elle d'un air taquin. Oh, elle aurait très bien pu lui avouer toutes les pensées perverses qui se bousculaient dans son crâne de piaf mais le mauvais génie connaissait déjà pertinemment leur existence. Se redressant afin d'être à genoux sur le lit, elle leva la tête tout en rapprochant son visage du sien, ses grands yeux verts d'oiseau volage se fondirent et s'engouffrèrent dans ceux d'un bleu océan de son sorcier favori. La proximité de sa bouche la fit soupirer, se mordant les lèvres, elle tenta de résister à l'irrésistible envie de l'embrasser, sa main vint caresser le visage de son maitre et les quelques centimètres à parcourir disparurent.
Frôlant de ses lèvres piquantes les siennes plus amères, elle le laissa espérer plus, lui faire comprendre plus avant de...s'éloigner subitement. Vilain Piou-piou, la belle s'envola vers le lieu qui leur servait de salle de bain dans un éclat de rire. Ah ah un petit jeu qui allait sans doute lui couter cher mais auquel elle adorait jouer.

Nue comme un vers, elle tenta de trouver des habits potentiels dans ce fouillis, que dis-je, cet amas d'étoffes en tout genre éparpillées un peu partout dans la pièce.

«  Va vraiment falloir engager une boniche ! Y'a pas écrit pigeon là... » Gueula-t'elle d'où elle était. « Ohhh, mon collier de perles! » Attrapant le précieux objet qu'elle avait cherché pendant des semaines, suspectant Jojo de le lui avoir volé, suspectant Callie de l'avoir mangé, suspectant le facteur de le lui avoir dérobé, suspectant....bref, elle avait fait un véritable scandale, pour rien. Embrassant son collier, elle l'attacha autour de son cou et sautilla comme une cabri jusqu'à la chambre.

«  Je l'ai retrouvééé, tu vois, qu'il était pas...per...du! » Déglutissant avec peine, elle comprit bien trop tard qu'elle aurait peut-être dû se taire, à en croire par le regard que son maitre venait de lui lancer.

« Hum...tu veux que Callie te prépare le petit déjeuner?...hi...hi... » Son large sourire forcé dissimulait la peur de futures menaces bien plus dures que celle du tapis. Mais soudain, son regard se porta sur les feuilles de papier sur lesquelles elle venait de marcher, encore un vieux journal d'Agrabah, c'est vraiment le bordel dans cette caverne, si ce n'est que les mots en caractères gras la troublèrent. Attrapant les dits papiers, elle oublia totalement le fait qu'elle était encore en soutien-gorge et en short et s'avança vers son maitre.

«Nous n'avons pas eu l'occasion de lire les nouvelles, hier, mon ami ! » Lui présentant à son tour la une du journal, elle ajouta d'un air plus sérieux, plus sadique également, cet air qu'elle prenait uniquement lorsque qu'elle convoitait quelque chose d'intéressant. «Le vent tourne pour nous... » Elle désigna de son doigt crapuleux quelques mots...de simples mots...

Ma phrase à peine terminée, la voilà qui se colle un peu plus à moi et me fait part une fois de plus de son impatience à se voir sortir de cette condition qu'elle considère comme misérable. Elle n'a pas besoin de m'en faire part, je le sais pertinemment! C'est que la mademoiselle a été la favorite du Sultan ne l'oublions pas...elle a beau vivre avec moi depuis plus d'un an, elle n'en a pas pour autant oublié son goût pour le luxe et les fastes en tout genre.

Une rivière de diamant? Tiens donc, tu fais dans l'originalité, tu te renouvelles c'est bien esclave, mais change de ton avec moi et n'oublies pas qui tu sers! Tes mauvaises habitudes de petites filles pourrie gâtée je n'en ai que faire. La fortune viendra en son temps! Mais il est bien normal qu'une personne aussi jeune que toi qui n'a pas vécu des millénaires comme moi ne sache pas faire preuve de patience.

Les sarcasmes et le dédain sont les seules choses qui passent le seuil de ma bouche, je ne suis pas doué pour tolérer les émotions humaines tels que la frustration et le manque. Encore moins les pleurnichements! Si seulement elle ne passait pas ses journées à pester contre notre infortune, peut-être saurais-je alors faire montre de plus d'indulgence à son égard...peut-être.

Comme pour me faire taire, ou pour m'apaiser c'est selon, elle s'approche de moi et; tentée tout autant que je le suis, elle confond ses lèvres avec les miennes un court mais magique instant. Voilà où réside toute la sorcellerie de cette enquiquineuse...quelque soit ma colère contre elle, un contact avec sa personne et j'en oublie presque de recourir au châtiment. Perfection et imperfection de ces sentiments humains qui m'ont libéré autant qu'ils m'entravent!

Mais, alors que ses derniers mots ne trouvent déjà plus écho dans mon cerveau et que j'attends la suite des festivités avec un sourire...elle saute au bas du lit et s'éloigne de moi tout à coup. Puis elle se réfugie dans la salle d'eau. Raaaaaaaaaaaah que je déteste quand elle me joue des tours de ce genre. Pourtant alors que l'envie est grande, je n'explose pas, je ne dis rien. Ce serait lui montrer une faiblesse un peu trop grande pour elle, ce qu'elle ne se gênerai pas pour exploiter. Pas question!

Farfouillant après je ne sais quoi dans le bordel qui lui sert de garde robe, elle lance alors une remarque sur les boniches que je m'apprête à relever, mais je n'en ai pas le temps. Là revoilà déjà, triomphante, un objet brillant à la main. Objet à cause duquel elle m'a gâché ma tranquillité des journées entières...son collier de perles.

Un sourire carnassier étirant mon visage, je me précipite vers elle et la plaque contre le mur, une main enserrant son poignet, l'autre sa gorge.

Alors alors...on ne sait plus où on range ses petites affaires? Et on fait un scandale dans toute la caverne a en provoquer des éboulements de sable. C'est mal! Très mal!

Je la maintiens une bonne minute dans cette position, laissant la peur s'insinuer un peu dans son esprit, puis la relâche. A quoi bon la punir pour si peu? Je suis certain que dès demain elle trouvera autre chose du même style pour se plaindre et m'agacer. D'ailleurs à peine libérée de mon emprise, elle se remet à parler, et parler, et parler...sans doute une façon comme une autre de gérer son stress!

Je n'ai pas faim...

Allons bon, le journal maintenant, manquait plus que ça. Franchement pourquoi avait-il fallu que je tombe sur une ancienne courtisane sachant lire, ce n'est pourtant pas la principale qualité requise pour devenir la maîtresse d'un Sultan. Feignant de l'ignorer, je passe dans la pièce d'à côté et me rhabille avec ce qui me tombe sous la main. Vrai que ces vêtements manquent un peu de classe je l'avoue volontiers, mais les temps ne vont pas tarder à changer.

Elle revient à la charge avec les nouvelles fraiches et me harcèlent pour que je lisent ce que raconte le canard local...de mauvaises grâce, je m'exécute dans l'espoir infime qu'elle finira par me lâcher les baskets après ça. Et ô surprise, pour une fois je ne me farcis pas les derniers potins, ni le dernier défilé de mode auquel elle aurait tant voulu assister. Apparemment il se passait des choses très intéressante dans le royaume du nord...là où les stalactites vous collent au nez si vous avez le malheur de sortir sans écharpe.

D'après cette feuille de choux, une importante réunion de hauts dignitaires devait avoir lieu dans les jours prochains, une belle occasion d'en apprendre plus sur les royaumes que je convoite, en particulier sur celui du nord justement. Une idée me vient alors subitement...j'allais y envoyer mon meilleur agent d'infiltration, la personne la plus à même de se faire discrète, de se fondre dans le décor et dans la masse sans se faire repérer, mon espion number one...Piou! Des vacances forcées pour elle, un peu de paix et de tranquillité pour moi, et des renseignements à la clef. Que rêver de mieux? J'allais juste devoir dormir seul quelque temps...bah il faut savoir se dévouer pour les grandes causes.

Dis moi mon petit canari des mers du sud...tu as la collection automne/hiver dans ta garde robe?

Une lueur sadique éclaire ma rétine alors que je l'imagine déjà me vouant à tous les démons connus pour ce que je m'apprête à lui faire faire.